samedi 3 mai 2014

Ukraine, quand la cyberguerre ne vient pas

Alors que la situation sur le terrain ne cesse de se dégrader, le conflit numérique semble lui demeurer très limité. Nous avions dans déjà souligné, au mois de mars dernier, les limites de la comparaison entre le conflit géorgien en 2008 et la situation actuelle en Ukraine (Dans le cyber, l'Ukraine n'est pas la Géorgie). Aujourd'hui, plusieurs observateurs considèrent qu'il ne faut pas s'attendre à grand chose dans la sphère "cyber", pour l'Ukraine la partie serait déjà perdue et Moscou n’aurait aucun intérêt à déclencher un "cyberstorm".




Ainsi, Patrick Tucker nous propose son analyse pessimiste dans un article : Why Ukraine Has Already Lost The Cyberwar, Too
l'argumentaire est efficace mais, comme souvent, mélange sous le vocable "cyberwar" plusieurs notions (accès aux communications, actions sur les sites Web, désinformation). 

Pour l'auteur:
"Don’t wait for cyberwar between Ukraine and Russia to break out ahead of the actual shooting. Ukraine already lost that, too. Russia may have unfettered access into the Ukrainian telecommunication systems according to several experts. It’s access that Russia can use to watch Ukrainian opposition leadership, or, in the event of an escalation in the conflict, possibly cut off telecommunications within Ukraine."
L'article souligne les atouts dont disposent les autorités russes et qui assurent une position dominante sur les réseaux télécoms en Ukraine (un système d'écoute et une pénétration commerciale). Pourtant, si le "blackout" n'a pas eu lieu c'est selon Renesys plus un problème de résilience et de connectivité que de volonté. L'argument technique venant ainsi relativiser la domination russe.
Ukraine has a strong and diverse Internet frontier … The roads and railways of Ukraine are densely threaded with tens of thousands of miles of fiber optic cable, connecting their neighbors to the south and east (including Russia) with European Internet markets. The country has a well-developed set of at least eight regional Internet exchanges, as well as direct connections over diverse physical paths to the major Western European exchanges. At this level of maturity, our model predicts that the chances of a successful single-event Internet shutdown are extremely low,” revealed a recent analysis by intelligence company Renesys, which monitors Internet service around the world. (source)
Pour conclure, ce n'est pas "la cyberguerre qui ne vient pas", c'est la cyberguerre telle que les médias la conçoivent qui ne viendra pas. L'affrontement cyber-électronique d'il y a 5-6 ans n'est pas celui d’aujourd’hui, les possibilités ne se limitent pas à un "blackout" géant, mais sont beaucoup plus larges et dans tout les cas nécessitent de la finesse et de solides accès aux réseaux.




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